Dave Brubek, le célèbre pianiste de jazz s’est éteint

HARTFORD, Connecticut (Sipa-AP) — Le compositeur et pianiste de jazz Dave Brubeck est mort mercredi matin d’une crise cardiaque à l’âge de 91 ans, la veille de son 92e anniversaire, selon son manager Russel Gloyd. Il se rendait chez le cardiologue avec son fils mais a succombé en chemin.

C’est en 1959 que le succès est à son apogée avec le célèbre album Time Out où l’on trouve les morceaux Blue Rondo a la Turk, Take Five et Three to Get Ready, album très innovant notamment par ses signatures rythmiques atypiques variant d’un morceau à l’autre.

Take Five, premier succès du quartet (composé par Paul Desmond en 1959), est écrit en 5/4. Ce succès est l’un des rares exemples de musique innovatrice qui devient un hit planétaire, au point de paraître aujourd’hui banalisée. Take Five a été mis en paroles par de nombreux artistes dont Al Jarreau et, surtout, Carmen McRae qui l’a chanté avec Dave Brubeck lui-même au piano. En France, en 1966, Claude Nougaro fait de Blue Rondo à la Turk une chanson : À bout de souffle (construit comme le scénario d’un thriller, la chanson emprunte son titre au film éponyme de Godard). Et sur le dernier album de Nougaro, Embarquement immédiat, l’introduction à la batterie de Jet Set est celle de Take Five.

Il renouvelle l’expérience en 1961 avec l’album Time Further Out dont la pochette reproduit un tableau de Joan Miró. Sur cet album, le rythme de chacun des morceaux successifs est inspiré par les chiffres qui figurent en haut du tableau (légèrement à droite).

C’est sur cet album, notamment, que l’on trouve le célèbre morceau Unsquare Dance (7 temps) qui a servi, entre autres, il y a quelques années, de générique pour une émission de télévision française et qui a été repris en 2005 par le chanteur et pianiste Paddy Milner. À l’origine, ce morceau avait été composé pour « décourager » les membres du public des concerts qui ont l’habitude de marquer le rythme en frappant dans les mains, et qui, hélas, se retrouvent souvent à contretemps. À la fin du morceau, on entend le rire de soulagement du batteur, Joe Morello, qui ne pensait pas se tirer si bien de ce difficile exercice.

Sur ce même album figurent deux morceaux en 5/4, rythme inauguré un peu plus tôt avec Take Five. Dans la version originale sur vinyl, Far More Blue est le dernier morceau de la face A et Far More Drums le premier de la face B, ce qui obligeait l’auditeur à une pause entre les deux, le temps de retourner le disque. Ces deux morceaux contiennent le même thème, mais alors que dans Far More Blue, Dave Brubeck perfectionne sa maîtrise du rythme en 5/4 sur un tempo modéré, Far More Drums est essentiellement un solo de batterie très rapide. Contrairement à Take Five au cours duquel Dave Brubeck maintenait le rythme à 5 temps en sourdine pendant le solo de batterie, dans Far More Drums, Joe Morello joue véritablement seul.

Il jouera ensuite avec ses trois complices une « valse à onze temps », Eleven Four (11/4), que l’on peut notamment entendre sur l’album The Dave Brubeck Quartet at Carnegie Hall. Bien que le tempo semble, « mathématiquement », fort différent du tempo habituel d’une valse (3/4), ce morceau sonne effectivement comme celui d’une valse mais un auditeur attentif comptera parfaitement les 11 temps.