L’année Debussy

L’année Debussy : « il n’y a pas de théorie : il suffit d’entendre. Le plaisir est la règle. »

Messiaen, Takemitsu, Dutilleux et de nombreuses figures incontournables de la musique du XXe siècle reconnurent en Debussy si ce n’est leur maître commun, du moins celui grâce auquel la musique occidentale tout entière pouvait connaître une nouvelle et magistrale Renaissance.l’enregistrement de l’intégrale de son oeuvre pour piano

Tout le monde s’accorde à dire que Debussy était un élève dissipé.

Achille-Claude Debussy naît dans la maison familiale le 22 août 1862.
Debussy était surtout vu par ses professeurs comme un enfant intelligent, et plutôt talentueux. À propos d’une toccata de Bach jouée par Debussy en janvier 1873 chez Marmontel, Alphonse Duvernoy écrira : « Joli son. ». À Marmontel d’ajouter un an plus tard dans un jugement d’ensemble : « Charmant enfant, véritable tempérament d’artiste ; deviendra un musicien distingué ; beaucoup d’avenir. ». En revanche, dans la classe de Lavignac, Debussy fut jugé très en retard sur la théorie. Il ne tarda cependant pas à s’améliorer, si bien que Marmontel écrira en juin 1874 : « Très bien : lecture, dictée et théorie. ». Ces progrès, aussi bien en piano qu’en théorie, l’amenèrent tout naturellement à concourir ; il obtint un 2e accessit de piano (suite à l’interprétation du concerto n° 2 en fa mineur de Chopin) et la 3e médaille de solfège. Ses parents étaient présents lors de la remise des prix, et furent très fiers de lui. Son père était sorti de prison depuis presque deux ans, et avait retrouvé un emploi comme auxiliaire aux écritures à la compagnie Fives-Lille.
Pas encore en rupture d’académisme, le jeune musicien décroche le premier prix de Rome en 1884 avec sa cantate L’Enfant prodigue. Conformément au règlement, obtient une bourse et un séjour de trois ans à la Villa Médicis. Il part pour la « Ville Éternelle » en janvier 1885. Debussy y découvre la musique de Palestrina et les splendeurs de l’Italie mais reste hermétique au bel canto. Il rencontre plusieurs musiciens importants de l’époque, dont Verdi et Liszt.

De caractère non conformiste et créateur iconoclaste, Debussy n’aura ainsi pas eu de réels devanciers ni de successeurs proclamés, mais il doit beaucoup à la musique de Wagner qu’il raillait constamment, et tout un pan de la musique du XXe siècle lui est à son tour redevable. Son innovation principale réside dans le refus du développement et de la forme-sonate de type A-B-A’ qui malgré les variations et les innovations que lui auront apportées entre autres Beethoven, Brahms et Bruckner, contraignent le compositeur à avancer selon un schéma fixe et prédéfini (‘”Au secours ! Il va développer !'”, est le cri d’alarme parfois attribué au Debussy auditeur de concert). Mais, du même coup, Debussy affronte plus qu’aucun autre la liberté absolue du créateur fixant lui-même les règles de l’œuvre qu’il invente. C’est en cela qu’il appartient indéniablement à ce XXe siècle qui commence avec lui plus qu’avec Wagner, dont le Tristan et Isolde était selon ses propres mots « un beau coucher de soleil que l’on a pris pour une aurore ». Il est cependant remarquable que Debussy, fidèle comme Baudelaire « aux nuages qui passent, aux merveilleux nuages » (Nocturnes), n’adopte jamais de formules figées ou de système de composition arbitraire, comme ce sera par ailleurs le cas dans le sérialisme de Schoenberg, tout en construisant des œuvres d’une extraordinaire cohérence interne (Jeux, son œuvre la plus audacieuse, est le point d’aboutissement de cette révolution formelle).

La rupture que Debussy instaure volontairement entre le goût classique, dont musiciens et mélomanes possèdent les codes, et la musique nouvelle qu’il défend, est l’une des racines du divorce partiel entre le public et la musique contemporaine. D’une audace imprévisible mais d’une sûreté de goût absolue, harmoniste inclassable et dramaturge subtil, Debussy est comme Rameau auquel il a rendu hommage dans ses Images pour piano, un compositeur d’esprit très français (il signait d’ailleurs certaines de ses partitions Claude de France). Mais grâce à la révolution qu’il opére dans l’histoire de la musique, à travers les ponts qu’il lance en direction des autres arts et des multiples sensations qu’ils éveillent (les sons et les parfums, les mots et les couleurs), il fait accéder sans doute mieux qu’aucun autre la musique française à l’universalité : celle du corps, de la nature et de l’espace.

 

L’année Debussy

Clair de Lune interprété par Angela Hewitt

Peut-être la pièce la plus connue de la Suite bergamasque pour piano seul, composée en 1890. Il est probable que son nom s’inspire du poème Clair de lune de Paul Verlaine. La plus grande partie du mouvement est jouée pianissimo, et les allers et retours entre une grande intensité émotionnelle et une grande distance en font un chef d’œuvre de l’époque impressionniste. Elle est jouée en ré bémol majeur, à l’exception de son point de plus grande intensité, en do dièse mineur.
Clair de Lune a été utilisé de nombreuses fois au cinéma. Walt Disney avait prévu de l’utiliser pour une séquence de son dessin animé musical Fantasia (1940). La séquence a finalement été retirée avant d’avoir été terminée, en raison de la durée du film. Cette séquence, où les mouvements de hérons illustrent la progression de la musique, a été restaurée en 1996 et intégrée en bonus au DVD du film.

 

L’année Debussy

“Arabesque n°2” interprété par Leon Greedy en 2010 au Japon

Les Deux arabesques, L. 66, est une œuvre pour piano seul composée par Claude Debussy. Il s’agit d’une œuvre de jeunesse du compositeur, qui les écrivit entre 1888 et 1891, alors âgé d’une vingtaine d’années. L’œuvre contient cependant nombre de traits caractéristiques du style de composition de Debussy.

Ces Deux arabesques comptent parmi deux les toutes premières œuvres de la Musique impressionniste en France.

Bien sûr ce n’est pas sans raison particulière que la firme Blüthner, fondée à Leipzig en 1853, tient à rendre cet hommage au compositeur né il y a 150 ans.

Le compositeur français était tellement ravi du piano de cette firme qu’il ne s’en sépara plus jamais.
Le Blüthner n° 65614 de Debussy a été fabriqué en 1903 dans la manufacture Julius Blüthner de Leipzig. D’une longueur de 190 centimètres, il possède une tessiture de 7 octaves 1/4. L’instrument est pourvu du système spécial de cordes connu sous le nom de « système aliquote », qui consiste en une quatrième corde pour chaque note, placée en déchant et ne vibrant pas sous l’effet du marteau, mais par sympathie. Cela renforce la résonance des notes harmoniques et élargit le spectre sonore. Le système, sous une forme légèrement modifiée, est encore aujourd’hui en usage sur les pianos Blüthner. L’apparence de l’instrument est celle, courante, des pianos du début du XXe siècle : il est muni de pieds tournés, le placage est en palissandre, la version favorite à cette époque en Angleterre. Le mécanisme mérite également qu’on s’y attarde. C’est une variante d’un mécanisme anglais développée par Blüthner, réputé pour sa robustesse car il ne possède que trois axes, en comparaison du mécanisme bien plus compliqué d’Érard, qui en comporte cinq. Le toucher est léger et permet aussi une répétition rapide, ce qui est d’une absolue nécessité dans la musique pour le piano de Debussy.

 

L’année Debussy

 

Children’s Corner (littéralement « Le Coin des enfants ») est une suite de six pièces pour piano seul composée par Claude Debussy entre 1906 et 1908. Il l’a dédiée à sa fille alors âgée de trois ans, Claude-Emma (1905-1919), plus connue sous le surnom de Chouchou. La partition porte d’ailleurs en dédicace : « À ma très chère Chouchou… avec les tendres excuses de son père pour ce qui va suivre ». L’œuvre a été créée à Paris le 18 décembre 1908 par Harold Bauer.

Après la mort de Debussy, le 25 mars 1918, le pianiste Alfred Cortot jouera ces morceaux en présence de sa fille. Celle-ci aurait alors déclaré : « Papa écoutait davantage ». Elle suivra son père dans la mort un an plus tard, victime de la diphtérie.
Souvent utilisé dans l’apprentissage du piano par les jeunes enfants, les pièces exigent en réalité une solide technique pour pouvoir les interpréter parfaitement.
Voici la liste des pièces :
Doctor Gradus ad Parnassum
Jimbo’s Lullaby (Berceuse des éléphants)
Serenade for the doll (Sérénade à la poupée)
The snow is dancing (La neige danse)
The little shepherd (Le petit berger)
Golliwog’s cake-walk

Hommage à Debussy, le premier Opus

Dans le cadre de l’année Debussy, la firme des pianos Blüthner a souhaité rendre un hommage à ce compositeur pour son 150° anniversaire en demandant à quatre jeunes concertistes, lauréats de la Fondation Alfred Reinhold de Leipzig,

Ce disque comprend trois grands cycles du compositeur (Suite Bergamasque, Pour le Piano, Images I & II), encadrés par quelques oeuvres isolées (Valse Romantique, Rêverie, Mazurka, La plus que lente). Leur composition s’étend de 1890 à 1910, depuis les années de jeunesse de Debussy jusqu’à ses réalisations de pleine maturité.
Ces quatre artistes élus pour participer au projet Debussy proviennent de quatre écoles et d’horizons géographiques les plus différents qui soient. C’est la pianiste Juliana Steinbach, d’origine brésilienne, qui inaugure cette série. Elle signe avec cet “Hommage à Debussy” son deuxième récital au disque, après un album “Tableaux” consacré à Debussy (Estampes, L’Isle Joyeuse) et Moussorgski (Tableaux d’une Exposition), publié en 2010 par Paraty.

Julian Steinbach

Née au Brésil en 1979, Juliana Steinbach a entamé ses études musicales en France. Après ses premières années de formation au Conservatoire de Lyon (CNR) et auprès de la pianiste américaine Christine Paraschos, elle a étudié au Conservatoire de Paris (CNSM) dans les classes de Bruno Rigutto et Pierre-Laurent Aimard ; elle y a obtenu les Premiers Prix de piano et musique de chambre et a été admise en 2002 à l’unanimité en Troisième Cycle de piano dans la classe de Jacques Rouvier, remportant à cette occasion le Prix de la Fondation Alfred Reinhold, un piano à queue Blüthner.

 

L’année Debussy